Citation de l'article d'Anne Vidalie dans l'Express du 02/04/2010 :
"Au CHU de Clermont-Ferrand, un service prend en charge des pathologies par l'activité sportive.
L'activité physique ne permet pas seulement de rester jeune et en bonne santé. Sous surveillance médicale, elle contribue à soigner de nombreuses pathologies. Jeanine, Dominique et Joseph sont des pionniers. Avant de se croiser régulièrement entre les tapis de course et les rameurs du club de sport SantéForm, ces trois habitants de Clermont-Ferrand ont réapprivoisé leurs corps éprouvés par la maladie... au centre hospitalier universitaire (CHU).
Là, dans le service de médecine du sport, Stéphane Penando, éducateur médico-sportif, leur a appris à faire travailler leurs muscles et leur souffle à raison de trois séances hebdomadaires d'une heure pendant trois ou quatre mois. "Mon service, ouvert il y a trois ans, est le seul, en France, à prendre en charge des pathologies par l'activité sportive", précise le Pr Martine Duclos.
Cours de gym et sport en sall en guise de médicaments
Une fois bouclé ce programme, Jeanine, Dominique et Joseph n'ont pas remisé leurs sacs de sport. Disparue, la "sainte horreur de l'activité physique" que nourrissait Jeanine Goutille, 56 ans. Deux soirs par semaine, après le travail, cette secrétaire comptable diabétique part s'entraîner.
Pendant les vacances, elle s'astreint à 5 kilomètres de marche quotidienne. "Je suis passée de quatre comprimés à deux par jour, se réjouit-elle. Et je peux me permettre des écarts alimentaires de temps en temps. En prime, j'ai perdu 12 kilos et, même si je prends encore des antidépresseurs à petite dose, je me sens mieux!"
Bien doser l'effort
Quel sport choisir? A quelle fréquence faut-il le pratiquer? "La réponse à ces questions ne peut qu'être taillée sur mesure pour chaque patient", souligne Gilles Orgeret, kinésithérapeute au service de rééducation de l'hôpital de Poissy (Yvelines). Parmi les valeurs sûres figurent les disciplines privilégiant l'endurance: le vélo (pas le VTT), le rameur, le jogging léger (avec de bonnes chaussures) ou la marche rapide, le ski de fond, le golf, le kayak et même l'équitation, excellente... pour le dos. "Sans oublier les exercices sur Wii Fit pour ceux qui ont besoin de reprendre confiance en leur corps", précise le kiné. Règle d'or à respecter: être toujours en mesure de parler malgré l'essoufflement.
Dominique Casteix, 57 ans, opérée en 2006 d'un cancer du poumon, a retrouvé la pêche. "Moi qui m'étais transformée en petite vieille haletant dans les montées, je suis redevenue comme avant, raconte cette ex-infirmière. Avec 2 centimètres de tour de taille et de hanche en moins." Ses "médicaments": chaque semaine, deux séances de sport à la salle et deux cours de gymnastique dans une association.
Quant à Joseph Aubry, 74 ans dont trois décennies de tabagie, il a renoué avec le plaisir des longueurs en piscine, lui qui s'essoufflait de plus en plus vite. "Broncho-pneumopathie chronique obstructive", a diagnostiqué un pneumologue. Qui l'a envoyé illico soulever des haltères et faire du vélo au CHU. Désormais, Joseph est, lui aussi, un client assidu du club SantéForm.
Les réfractaires à l'activité physique doivent se faire une raison: "Le sport est un traitement très efficace dans bon nombre de pathologies, à condition d'être bien dosé", souligne le Dr Christian Daulouède, spécialiste de médecine physique et sportive, auteur de Mieux vivre par le sport (éd. Sud-Ouest).
Les cardiologues ont été les premiers à se convaincre des bienfaits de l'effort. "Désormais, un patient qui a subi un pontage coronarien est encouragé à faire du vélo, à nager ou à courir, sous surveillance médicale, dix jours après l'opération, pour éviter la récidive", explique le Dr Benoît Pétillon, cardiologue à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
C'est la course à pied qu'a choisie Cyrille Bougault, 39 ans, souffrant d'une grave cardiomyopathie. A force d'entraînements quotidiens, ce chef d'entreprise parisien a atteint son objectif : courir le semi-marathon le 10 août 2008. Un an, jour pour jour, après le déclenchement de sa maladie. "Grâce au sport, mon coeur est redevenu complètement normal", s'enthousiasme-t-il.
La liste des pathologies que le sport aide à combattre est longue
Les cardiaques ne sont pas les seuls malades qui ont intérêt à chausser des baskets. "L'activité physique est un multimédicament, résume le Pr Duclos: elle fait baisser la tension, le taux de glucose, ainsi que le niveau du mauvais cholestérol et des triglycérides." A l'inverse, elle dope la production d'hormone de croissance et le potentiel cognitif de l'individu.
Résultat: la liste des pathologies que le sport aide à combattre est longue, des problèmes cardio-vasculaires au diabète en passant par les insuffisances respiratoires, l'obésité, la dépression, l'hypertension, l'ostéoporose, l'arthrose et les maladies neurodégénératives. Il pourrait bien, aussi, réduire les risques de rechute en cas de cancer du sein et du côlon.
Les médecins prennent conscience que l'activité physique soigne. Il faut les former à ce nouveau type de prescription. "Contrairement aux idées reçues, même les personnes qui souffrent du dos ont intérêt à s'adonner à une activité physique", pointe le kinésithérapeute Gilles Orgeret, auteur du livre Le sport est un médicament bio (éd. Josette Lyon). Valérie Lecerf, 40 ans, ne le démentira pas. Voilà deux ans que cette Parisienne, atteinte d'une lombalgie chronique, pratique le tai-chi. "La douleur est toujours là, reconnaît-elle, mais j'ai repris confiance en mon dos. J'ai recommencé à danser et j'avale moins de pilules."
Cette "médecine de l'exercice", pourtant synonyme de réduction de la consommation médicamenteuse, des consultations médicales et des séjours hospitaliers, a longtemps fait figure de parent pauvre de la santé. "Dans un pays qui a tendance à survaloriser le cerveau au détriment du corps, la recherche sur les bénéfices du sport est encore peu développée", note le Dr Christophe Delong, chef du service de médecine physique de l'hôpital Sainte-Périne, à Paris.
Mais les temps changent. "Les médecins prennent conscience que l'activité physique soigne et il faut les former à ce nouveau type de prescription, observe le Dr Bruno Sesboüé, qui exerce au CHU de Caen. Ils ne peuvent plus se contenter de vagues conseils généraux, du genre "faites un peu d'exercice". Ils doivent apprendre à préciser quelle activité et à quelle dose." A quand des ordonnances préconisant "une heure de vélo, trois fois par semaine" ou "deux séances hebdomadaires de jogging"?"
Le sport est un médicament bio
Le sport est un médicament bio Gilles Orgeret Éditions J.Lyon, 2008 280 pages
Présentation de l’éditeur
Le sport mérite-t-il le label bio et naturel? Est-il possible de le hisser au statut de médicament? Oui, si l'on considère que, quel que soit son état de santé, on peut et on doit pratiquer un sport ou une activité physique régulière. Le sport soulage, guérit parfois. Il fait partie intégrante d'une hygiène de vie accomplie et devient un médicament naturel utilisable par tous. Pour la première fois, un livre répertorie : les sports à privilégier ou à éviter selon les pathologies; les sports à conseiller selon l'âge (de l'enfant à l'adulte); des exercices illustrés à pratiquer régulièrement pour s'entretenir (étirements, respiration, dos, seins, périnée, abdominaux, etc.); des conseils diététiques indissociables de l'activité physique; les nouveaux sports proposant des alternatives intéressantes; les façons de soigner les traumatismes dus au sport (crampes, courbature, etc.); les abus et erreurs à éviter.
Commentaire
D'emblée, ce livre étonne. Par son titre accrocheur, évidemment, et par le fait qu'il traite de sport pour personnes avec un problème de santé. Ce qui nous permet de constater que, si les librairies débordent d'ouvrages sur la bonne forme physique, il existe fort peu d'information de ce type pour les populations souffrant de limitations physiologiques. En l'occurrence, l'auteur consacre une dizaine de pages à chacun des 16 thèmes : maladies cancéreuses, diabétiques, pneumologiques, rhumatismales, etc. (en plus de couvrir plusieurs sujets connexes, comme on peut le lire dans la description ci-dessus). Or, les médecins ont rarement des conseils assez précis à donner à leurs patients pour les encourager à reprendre une activité physique, si importante pour la santé. Masseur-kinésithérapeute dans un hôpital français, M. Orgeret a déjà écrit plusieurs livres intéressants, dont deux sur les maux de dos.
Lucie Dumoulin
1 De Ameli -
Les souffrants du dos ont le droit de s'adonner à une activité physique? c'est vrai que le sport est une bonne forme de bien être.