Santé : Attention aux annonces « sensationnelles.. ment » fausses de la presse grand public !
Dans son N° 1415 du 7 au13 novembre 2011, le magazine Femme Actuelle publiait un article intitulé : « Finie la douleur, huit traitements qui changent tout ! ». Hélas, ces huit traitements ne changent rien du tout, et je vais ici en faire la démonstration.
1/ Il est dit : « Des injections ciblées diminuent les doses de médicaments », c’est vrai mais l’action est provisoire, et l’injection en péridural est un acte risqué (infection, paralysie). Les principales indications de ces injections seraient la chirurgie du dos : « pour éviter que les douleurs ne s’incrustent ». Faux ! Si les douleurs « s’incrustent » c’est parce que la chirurgie du dos ne vise pas à traiter la douleur mais l’atteinte du nerf (neuropathie).L’effet de la chirurgie du dos sur les douleurs est nul, d’autant que la hernie discale n’est pas la cause du mal de dos, elle n’en est qu’une des conséquences (Voir « Mal de dos : vérités et mensonges » Ed J. Lyon. G. Orgeret).
2/ « Une pompe implantable qui diffuse en continu… » Comme il est signalé, cette méthode ne traite pas les douleurs qui se situent au dessus de la moelle.
3/ Si les TENS sont en effet utiles (petits boitiers électriques qui diffusent en continu des courants de basse fréquence), leur efficacité est nulle certains jours chez un même patient, on ne sait pourquoi, et de moins en moins probante au fil du temps. Dans l’article, il est donné pour « preuve», leur utilisation par les « Centres Anti-douleur ». Quand on sait que ces derniers affichent une efficacité de 15 à 20 % seulement, c’est moins que l’effet placebo (on se guérit tout seul par action mentale), ce dernier concernant 40 % de tous les traitements, même la chirurgie.
L’article cite l’exemple d’une patiente souffrant de sciatiques à répétition qui porte son neurostimulateur en permanence. On peut dire que c’est un cache-misère, puisqu’on ne traite pas la vraie cause de son mal. On se contente d’effacer l’information-douleur au quotidien pour se donner bonne conscience, et pendant ce temps le sujet s’aggrave, car la douleur est une information capitale, une pièce à conviction importante dans la recherche du coupable qu’il faut à tout prix démasquer.
4/ « Le froid aux effets antalgiques et anti-inflammatoires » : Le pistolet cryo-stimulateur cité a un moindre effet que les frictions au glaçon, parce que la température affichée est sans doute de – 78° au sortir du pistolet, mais qu’il y a dispersion avant d’arriver à la peau, quelques centimètres en dessous. La sensation de froid est moins intense qu’avec le glaçon. Les packs de gel qu’on met au congélateur, les bouillottes remplies de glaçons, gardent donc un intérêt quasi-identique, pour un prix dérisoire.
Quant à la « cryothérapie corps entier », on peut se demander ce que la peau en pense si on renouvelle l’expérience trop souvent, ou sous protection insuffisante (risque de brûlure). On sait depuis des siècles que le froid anesthésie, mais les gens vivant dans les zones polaires n’ont pas moins de rhumatismes que ceux qui vivent à l’Equateur ! Résumer un traitement contre la douleur à une application de froid, est là encore manière de mettre le vrai problème de la cause du mal, de côté. Répétons-le, la douleur est une information. Le corps dit : « Je t’informe qu’une de mes pièces ne fonctionne pas bien, veux-tu réaliser s’il te plaît la réparation (ou l’échange standard).»
5 / La stimulation magnétique transcrânienne (TMS) consiste à solliciter le cerveau à l’aide d’aimants. En matière de santé, les aimants sont utilisés depuis la plus haute antiquité. Cléopâtre s’en appliquait sur les tempes afin de « préserver sa beauté ».
Dans l’article de Femme Actuelle, il est dit : « Sont générées des micro-impulsions magnétiques. Celles-ci modifient l’activité des neurones qui vont moduler la douleur ». Comment le sait-on, et quels sont les moyens de contrôle pour « diriger » ces ondes là où on désire qu’elles aillent, et pas n’importe où afin de soigner et ne pas nuire ??? Pas de réponse ! Quand on sait que les ondes électromagnétiques générées par les postes-relais des portables, ainsi que les portables eux-mêmes, sont sources d’interminables polémiques, que beaucoup disent qu’ils seraient à l’origine de cancers, comment peut-on agir ainsi sans problème de conscience ?
6/ « Des électrodes à la surface du cerveau ou sous la peau pour les névralgies de la face et les migraines…». Poser des corps étranger sur le cerveau n’est pas un acte anodin et fait courir des risques (infection, détérioration neuronale, excès de stimuli) et l’effet bénéfique s’estompe avec le temps. Quand on a tout essayé en vain cela peut être envisageable, mais présenter ce traitement comme une grande victoire, est excessif.
7/ Sprays, comprimés, adhésifs, patchs chauffants : Il est dit : « Il n’est pas nécessaire de coller le patch là où on a mal »… faux ! La dose de produit actif est trop faible pour agir à distance. Tout cela fait partie de la panoplie des « petits moyens », comme encore le baume des Pyrénées, l’argile verte, l’homéopathie, et ca ne mérite pas de figurer dans un article choc intitulé : « 8 traitements qui changent tout ».
8 / Les nouvelles thérapies manuelles : l’aquaostéopathie et la microkinésithérapie. L’ostéopathie a été inventée en 1874 par un américain, A.T. Still, c’est une bonne méthode mais qu’on la pratique à sec ou dans l’eau c’est du pareil au même, il est pour le moins mensonger de qualifier l’aquaostéopathie de « nouveauté qui change tout » !
Quant-à la microkinésithérapie inventée il y a plus de trente ans, elle a été « démolie » par une expérimentation du 14 juillet 1991 (La Microkinésithérapie Compte rendu d’une expérimentation G Bernard, D Perrein, J Samuel, D Grosjean, P Bénini Kinésithérapie Scientifique N0 323 Mai 1993). La conclusion de cette expérimentation étant, je cite : « L’analyse statistique des résultats ne permet pas de valider l’hypothèse testée, à savoir : « la micropalpation de l’articulation permettrait de déterminer la perception de mobilité. L’un des éléments de base de la Microkinésithérapie n’a donc pas fait la preuve de sa réalité. » » C’était en 1991, il y a plus de vingt ans, où est la nouveauté ? Quel intérêt ?
En conclusion :
La douleur est un « appel à l’aide », la traiter sans s’attaquer à l’origine du mal est carrément dangereux. C’est fermer les yeux sur la réalité. De plus, on sait depuis des décennies que les médicaments en général, même ceux contre la douleur, sont à la longue source de rhumatismes causant des douleurs (Bannwarth B, Bertin P, Trèves R, Dehais J. Affections articulaires induites par les médicaments. Le concours Médical. 04-12-99-121-39).
Par ailleurs, au fil du temps, les traitements détaillés dans Femme Actuelle perdent en efficacité, ce qui oblige à en revenir ensuite aux traitements « de cheval », comme la morphine, et voilà… la boucle est bouclée, et la déception du patient au rendez-vous !
Heureusement il y a de l’espoir, des voies s’entrouvrent. Il faut savoir par exemple que dans le cas des douleurs chroniques, la zone concernée qui est normalement gravée en permanence au niveau du cerveau (homonculus), s’efface (travaux du Docteur Pierre Volkmann de Lyon). Dans le cas de ces mêmes douleurs chroniques, on observe à la longue une atrophie du thalamus (une zone du cerveau impliquée dans douleurs, postures, et mouvements).
Si on traite la douleur et qu’on ne se préoccupe pas de cette représentation cérébrale déficiente, le patient(e) n’a aucune chance de s’en sortir !!!! Le traitement consiste en une prise en charge très spécifique dont je suis l’initiateur, et tendant à stimuler régulièrement cette zone. Ce sera l’objet d’un prochain billet dans cet espace de blogosphère, afin de vous tenir en haleine, cher lecteur.
A suivre…