Les études démontrent que le principal motif de consultation en Ostéopathie concerne les maux fonctionnels (1), c'est-à-dire ces douleurs du corps qui proviennent uniquement d’un mal-être, mais toutes les disciplines médicales ont leurs « fonctionnels », aucune n’y réchappe, pas même la chirurgie.
Quand on souffre du dos par exemple, on croit la plupart du temps que la cause en est une hernie discale, alors qu’en fait ce sont parfois nos ennuis au boulot ou en famille qu’il faut incriminer, et les mains de l’ostéopathe, du kiné, vont « miraculeusement » nous soigner uniquement parce qu’elles nous touchent, nous rassurent, nous « font du bien ». Touts les métiers de santé ont dans leur clientèle des hypochondriaques, ces gens qui ont des maladies imaginaires. Même la chirurgie n’est pas épargnée, et certaines personnes ne sont satisfaites qu’une fois opérées, même s’il n’y avait pas lieu d’intervenir. L’anxiété est un amplificateur de douleurs quand il n’en est pas l’unique cause. Alors, sommes-nous tous des masochistes qui s’ignorent, car nous-nous complaisons durant toute la vie à maltraiter notre corps (et notre esprit) : recherche de sensations fortes (sports extrêmes, excès d’alcool), mauvaise bouffe, mauvaise hygiène, excès en tous genres (ou à l’opposé ascèse) ou au contraire sédentarité excessive, fainéantise. Il est donc acquis qu’on le maltraite parfois pour soulager une douleur mentale, mais pourquoi opposer le mal au mal ? Ne pourrait-on soulager la douleur mentale par une dosette de bien-être ? Le premier bien-être à la portée de tous est le toucher. Un enfant qui n’est pas touché perd l’appétit, il dépérit, et quand on est vieux ne meurt-on pas tout simplement de ne plus être touché ? Et je ne veux pas parler ici du massage thérapeutique, ou du câlin, mais d’un contact physique basique sans connotation affective. La main rassure, guérit, ordonne, impose, désigne, détermine la relation à l’autre. L’imposition des mains quant-à elle implique un transfert d’énergie et de puissance (2), ce qui conduit certains sujets déviants à en abuser pour dominer, et en tirer un avantage excessif. Dans la profession médicale ces charlatans pullulent. Comment s’en défendre ? Impossible, car ils sont souvent ceux qui ont la meilleure réputation ! Tout ce qu’on peut tenter est de poser des limites à ce qu’ils ont le droit de nous faire. Tant qu’on contrôle la situation, que
notre éthique, notre morale n’en souffrent pas, c’est acceptable.
Ensuite, le billet de sortie est notre formidable système de santé qui nous permet d’aller voir ailleurs. Il ne faut pas hésiter à multiplier les expériences (non dangereuses). En comparant l’un et l’autre, on finit par se faire une idée assez juste de la compétence. Il faut par ailleurs se méfier des médias qui disent souvent n’importe quoi, car bon nombre de naïfs pensent : « C’est vrai puisque c’est écrit ! ». Les « billets censurés » de ce Blog en témoignent.
Même si au bout du compte, après bon nombre d’expériences malheureuses, on est désabusé, il ne faut pas abandonner, car le toucher est, et restera de toute éternité, un acte magique, adoucissant aussi bien les douleurs morales que physiques. Je regrette même que psychiatres et psychologues n’aient aucune relation tactile avec leurs patients. Un « psy-masseur », ça serait chouette ! Je sais bien que c’est pour garder une certaine distance, pour éviter de s’impliquer dans un inévitable et malencontreux « transfert », certes je vais trop loin, je divague, mais les allonger sur un divan en les regardant de loin (ou pas du tout), mettre trop de distance, n’est peut être pas la meilleure manière de les guérir, d’ailleurs ils ne guérissent pas.
Le toucher possède un tel pouvoir guérisseur !!! Les magnétiseurs l’ont bien compris.
« ‘Mon’ réel est celui des apparences enseignées, autant que celles que me fournissent mes sens » disait Gaston Bachelard (3). Le psychisme humain a trois ports d’attache qui sont le réel, l’imaginaire et le symbolique. Le principe de science doit forcément cohabiter avec la croyance ainsi qu’avec l’effet « nocebo » de l’échange verbal (équivalent du placebo médicamenteux).
C’est dans la parole, le véhicule des mots, que le patient trouve (aussi) le goût de guérir.
Bibliographie :
1- Yves Lepers. « Placebo » en clinique ostéopathique. La revue de l’Ostéopathie. N° 1-1 ; 2011. P 31.
2- Chevalier J, Gheerbrant A. Dictionnaire des symboles. Paris : Laffont/Jupiter ;1982.1060 p.
3 - La formation de l’esprit scientifique, contribution à une psychanalyse de la connaissance objective. Vrin Editeur, 1993.