La machine humaine : agacements d’un psychiatre
Trop souvent dans notre société, le corps voire les organes ou les bouts d’organes sont dissociés, séparés, tronqués de la tête.
Le médecin généraliste, les spécialistes s’intéressent à une pathologie, à l’atteinte d’un organe, à tout ce qui est relatif à un organe sans s’intéresser ou trop rarement à la personne. Quel médecin, aujourd’hui, demande à un patient comment il va plutôt que l’endroit où il a mal ou s’il a de la fièvre…
Trop souvent le corps est vécu comme une machine aux ordres de la tête ou encore mieux du cerveau. Ce cerveau qui commande, qui intègre, et qui, parfois, réfléchit, ressent, se sent mal, va mal…
Tout comme certains médecins qui oublient la personne derrière l’organe, la société fait de même. Considérer l’humain, c’est accepter de faire face aux « états d’âme », une variable qui peut faire perdre du temps, qui peut prendre de l’énergie, qui peut bousculer, angoisser l’autre ou la bonne marche de la société.
Pourtant, ce sont souvent les mêmes - ceux qui oublient l’humain, le « Moi », la psyche - qui parleront de « psychosomatique », pour expliquer que le « psycho » induit des troubles physiques dans les situations où ils sont mis en difficulté parce qu’ils ne savent pas ou ne comprennent pas les troubles d’un patient. Le « psychosomatique » fourre-tout est mis en avant principalement pour masquer les limites de celui qui l’utilise : les limites de son savoir, mais aussi de sa compétence.
Est-il si difficile de se reconnaitre pas suffisamment compétent et/ou de reconnaître les limites de son savoir, de la médecine ?