Dans un précédent billet, je critiquais un article paru dans Femme Actuelle. Aujourd’hui je
me propose de féliciter ce magazine pour un autre papier, plutôt bien fait, publié dans leur
numéro 1477, du 14 au 20 janvier 2013, et intitulé : « Mal de dos, des causes inattendues ! ».
On peut certes souffrir du dos (ou d’une articulation quelconque) alors qu’il n’est pas l’agent
causal. On parle alors de douleurs projetées. Le mal est causé par une souffrance à distance,
de l’estomac par exemple comme cité dans l’article, ou de tout autre organe interne.
L’un de mes patients avait régulièrement très mal aux reins (lombaires). Aussitôt qu’on lui a
ôté la vésicule biliaire son problème a cessé.
Une souffrance du pancréas provoque une douleur en barre au milieu du dos ; une crise de
colique hépatique, peut se manifester par une douleur élective de l’épaule droite.
En marge de ces tableaux, on pourrait également évoquer la carie dentaire non soignée, car
alors le foyen bactérien peut migrer dans n’importe quelle articulation du corps, et faire croire
à tort, à un rhumatisme. Le diagnostic est un art difficile !
On ne connaît que dans 5 % des cas la vraie cause d’une lombalgie banale (mal en bas
du dos), le mal de dos le plus fréquent, ce qui doit rendre prudent le médecin consulté,
d’autant qu’en faisant pratiquer une radio du dos, s’il repère de l’arthrose, il aura tendance à
crier : « Euréka, j’ai trouvé ! », alors que l’arthrose n’est pas toujours douloureuse, loin de là.
Sur les radios de sujets ayant une arthrose identique, il est impossible de distinguer celui qui
souffre de celui qui ne souffre pas. C’est la plupart du temps le déconditionnement à l’effort
qui est en cause. Quand on bouge les muscles répondent mal. Certains même sont « devenus
fous », et restent durs, tendus, en permanence (trigger zones).
Comme il est indiqué dans l’article de Femme Actuelle, le surpoids agresse violemment
genoux et hanche. Prétendre cependant que cela peut provoquer des douleurs de dos, est une
conclusion un peu hâtive. Chez le sujet carré, trapu, le centre de gravité est plus près du sol
que chez le longiligne (grand et mince). Le « trapu » est par voie de conséquence plus solide
au sol, sur ses appuis. Ainsi, surmène-t-il moins son dos. D’autant qu’étant moins souple, il
se contorsionne moins que le sujet mince. C’est au contraire quand la personne en surpoids
chronique fait un régime qu’elle risque de souffrir du dos, parce que lorsqu’on maigrit, on
perd autant de masse musculaire que de masse graisseuse.
Dans cet article, stress, déprime, sont aussi mis en cause : vrai !
Chez tout lombalgique chronique, il est prouvé que l’implication psychologique est constante.
Mais souffre-t-on du dos parce qu’on est déprimé, ou bien est-ce la souffrance du dos qui
nous déprime ? Qui de l’œuf, ou de la poule ?