La physiothérapie, quésaco ?

La physiothérapie regroupe l’ensemble des moyens physiques utilisés par le kiné :
Les naturels : chaud, froid, boue (fangothérapie), paraffine, eau.
Les artificiels : électricité, toutes autres sources de radiation, vibrations mécaniques.
Il y a également le mouvement, quand il est utilisé pour soigner.

Ce billet se rapporte spécifiquement à l’électrothérapie.
Quésaco ? C’est l’une des composantes de la physiothérapie qui agit sur douleur et inflammation, en influençant de manière bénéfique chaleur locale et micro-circulation corporelles. Les chouchous des kinés libéraux sont les neurostimulateurs portables de basse fréquence ou TENS, utilisés hélas à tours de bras en les faisant passer pour les appareils du miracle, ce qu’ils ne sont pas (ils traitent le symptôme, non la cause du mal). A leur sujet, des revues professionnelles prédisaient « la mort annoncée de l’électrothérapie antalgique de basse fréquence.* Pourtant leur mode n’a pas cessé !

Citons également dans la panoplie : ondes de chocs radiales, extracorporelles, palper-rouler mécanique, infra-sons (de peu d’intérêt), appareils de biofeedback, ultrasonothérapie** (qui ne traite que la fibrose, pas l’inflammation, bien qu’elle soit fréquemment utilisée à cette fin), cryothérapie gazeuse hyperbare (c’est du gaz carbonique à –78°C, et à forte pression, qui crée un choc thermique avec réponse endocrinienne et enzymatique du corps + une inhibition des récepteurs de la douleur.).

Pourquoi mes confrères ne s’intéressent-ils pas à un appareil de coût fort modique et aux effets thérapeutiques excellents (effet dysclérolythique) ? Il donne l’illusion du mouvement, aide à sa restauration, avec en plus un réel effet antalgique. De quoi s’agit-il ? D’un appareil distribuant des vibrations transcutanées. A suivre !

Comme pour toute autre méthodologie thérapeutique, l’électrophysiothérapie présente ses limites, ses contre-indications, ses dangers. Elle est notamment interdite en période de grossesse. C’est l’outil thérapeutique le plus lié aux risques iatrogènes (risques dus au traitement lui même). L’accident à craindre principalement est la brûlure. Il suffit que la peau du patient présente des zones de faiblesse (peau hypersensible, boutons, eczéma, cicatrice, petite lésion, infection localisée, varices), pour que la technique soit inadaptée. Une indication thérapeutique inadéquate, un mauvais réglage, une ignorance des contre-indications, suffisent à provoquer un incident grave. La brûlure électrique met hélas beaucoup de temps à guérir et laisse la plupart du temps une vilaine cicatrice. Le risque est majoré quand le praticien utilise un appareil à courant électrique galvanique. D’autres appareils font courir un risque réel de brûlure, ce sont ceux qui fournissent des courants variables polarisés, ceux à haute fréquence (diathermie aujourd’hui inusitée, les ultrasons ou vibrations mécaniques), ondes électromagnétiques (interdites aux porteurs de pace maker ou de métal dans leur corps comme une prothèse), infrarouges qui chauffent sans émission de lumière, et ultraviolets.

Les effets bénéfiques de ces appareils sont hélas souvent médiocres, et si ça marche c’est sur le court terme***.

Les centres anti-douleurs encouragent leurs patients à acheter de petits neurostimulateurs endomorphiniques portables(TENS), en partie remboursés par la Sécu. C’est une option recevable en ce qui concerne notamment les rachialgiques chroniques (mal de dos), car ils permettent de réduire leur consommation quotidienne d’antalgiques sans risque d’accoutumance, à condition d’être utilisés quotidiennement plusieurs heures durant.

Nota :
Il faut savoir prendre en compte le rapport personnel du patient au soin qui lui est proposé, son rejet plus ou moins conscient lié parfois à une phobie envers la fée électricité.

  • Kinésithérapie / les Annales N°1 - Janvier 2002 - p.13-31.



** L’usage des ultrasons est très répandu, c’est tellement pratique. Pourtant, à la question : « Les ultrasons, sont-ils efficaces vis-à-vis des douleurs musculo-squelettiques et des lésions des tissus mous ? », la revue spécialisée Kinésithérapie / les annale N° 2-3 fev-mars 2002/ p.4- 12, concluait : « Qu’il soit branché ou non, les effets cliniques sont identiques. Il n’y a pas actuellement d’argument biophysique pour justifier l’utilisation thérapeutique des ultrasons ». Les auteurs ont recensé trente cinq études contrôlées randomisées les condamnant et dont la valeur méthodologique est indiscutable.

*** Le Quotidien du Médecin – 24 sept 2007 – N° 822 – page 9.

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