En hommage ce jour à Monsieur Roger Federer, qui est handicapé par son dos.
On est aisément conduit à remettre en question ce que nous avons appris durant nos études, étant donné qu’il y a beaucoup de théories qui s’avèrent fausses au fil du temps, et qui sont encore enseignées comme des dogmes.
Ainsi les différentes approches concernant les protrusions discales rachidiennes (hernies) concernant la « décompression », la « stabilisation », méthodes rééducatives largement préconisées et qui sont malheureusement assez contradictoires. Les exercices de « décompression » sont censés remédier à l'action néfaste de la pesanteur. Toutefois il y a l’exemple des astronautes qui ont quand même des problèmes de dos, et ceci même en l'absence de pesanteur.
Par ailleurs les techniques de « décompression », telles « inversion » ou « stretching », peuvent entrainer une hypermobilité vertébrale, c'est-à-dire une forme inquiétante d’instabilité.
En ce qui concerne la « stabilisation rachidienne », tout verrouiller comme le préconisent bon nombre de confrères (le fameux « verrouillage lombaire ») n'est pas non plus une solution, car une bille placée entre deux cylindres aura tendance à être expulsée d'autant plus facilement que les haubans reliant les deux cylindres sont tendus.
Le problème majeur découlant des hernies intradiscales vient sans doute de « patterns de mouvements défectueux acquis». C’est-à-dire de schémas moteurs devenus inefficaces. Les gestes et mouvements que nous exécutons alors, même ceux qui visent à cibler l’économie rachidienne comme de bien plier les genoux en se baissant pour ramasser un objet au lieu de courber le dos, ne sont plus efficaces.
Le problème relève d’un mauvais fonctionnement du cerveau.
Le thalamus (l’un des centres de commandement majeurs du cerveau régissant douleur, postures et mouvements) est endommagé, il envoie parfois de mauvais signaux*. Pour donner un exemple simple, si l’on compare notre cerveau à un ordinateur, c’est un peu comme s’il était parasité par un virus. Imaginons que pour exécuter un mouvement, nous tapions sur le clavier : « Baisse-toi pour ramasser ton stylo (par exemple) en faisant bien attention à ton dos ! ». Si le virus est inactif, le geste va se faire sans mal, mais si le virus est actif, il va parasiter le mouvement et l’on sera victime d’un prétendu « faux mouvement ». Le cerveau aura enregistré : « Ouille, en me baissant, je vais fatalement avoir mal ! », même si le mouvement a été correctement réalisé.
Comment s’en sortir alors ?
De quels moyens le kiné dispose-t-il pour améliorer cela ?
Ma solution, laquelle, si elle n’a pas été testée scientifiquement a le mérite d’aller dans le bon sens puisqu’elle est logique, consiste à stimuler la propioception** par la voie nerveuse centrale « voie bulbo-thalamique ». La propioception consciente étant à la base de notre schéma corporel.
Exemples d’exercices, à réaliser et c’est important, les yeux fermés, quotidiennement pendant trois minutes :
- « L’arbre », du Yoga. Debout sur un pied, tenir la position le plus longtemps possible.
- Mettre un matelas en mousse sur le sol et marcher dessus les yeux fermés.
- Rouler un gros ballon (swiss ball, Klein) sous un pied, puis sous l’autre (exercice décrit avec photo sur ce blog au 30.09.2012). S’asseoir dessus, lever un pied, puis l’autre.
D’autres exercices sont décrits dans ce blog, avec photos à l’appui (14 et 27 décembre 2012).
· Gwilym SE et al. Thalamic atrophy associated with painful osteoarthritis of the hip is reversible after arthroplasty. “Arthritis Rheum 2010 ; 62 : 2 930-40.
· ** La propioception désigne l’ensemble des composants corporels concourant à la perception du corps et au maintien de l’équilibre.