(suite du billet : Les programmes rééducatifs habituels, propres à chaque catégorie de maladie, en huit billets successifs )
Dans ce domaine le désencombrement bronchique prime. Il est parfois vital. En fait c’est même la seule urgence kiné officiellement reconnue. Viennent ensuite la réadaptation et le réentraînement à l’effort ainsi que les assouplissements (les patients sont raides), pour générer plus d’activités physiques dans la vie quotidienne. La pathologie respiratoire est plus supportable qu’un déficit moteur ou articulaire, car même réduite de moitié, la ventilation restante suffit à assumer la plupart des occupations quotidiennes, si l’on évite les activités qui fatiguent ou essoufflent.
Dès qu’un sujet est déjà affaibli, si ses défenses naturelles sont diminuées depuis longtemps (SIDA, tuberculose), il risque de voir son état de santé se dégrader rapidement si l’appareil cardio-pulmonaire n’est pas rééduqué rapidement (jusqu’à défaillance ou détresse cardio-respiratoire) S’il est encombré, qu’il a du mal à cracher, le processus d’oxygénation du sang se trouve perturbé (hypercapnie). De plus, des sécrétions stagnantes favorisent l’infection microbienne.
Une prescription de rééducation s’impose aussi dans le cas d’une broncho-pneumopathie aiguë ou chronique chez l’adulte ou l’enfant, incapables de se défendre seuls, en spécialité de : neurologie, traumatologie, pédiatrie, après chirurgie cardiaque ou abdominale, ou pour traiter certaines déformations enraidissantes du thorax (scoliose ou cyphose grave).
Les techniques de ventilation localisée à type d’accélération du flux expiratoire, de mobilisation thoracique ou d’expansion dirigée abdomino-diaphragmatique, sont variées. Le kinésithérapeute place ses mains sur une zone du thorax, puis le sujet, en inspirant, doit les repousser, par séries de dix à vingt mouvements. Ensuite le soignant met une main frénatrice sur l’abdomen, le patient inspire en gonflant le ventre et expire en le rentrant.
Il existe maintenant des exerciseurs volumétriques qui permettent de travailler seul (Respiflo VS 5000), très utiles en complément d’une séance de rééducation respiratoire. Ils ne doivent cependant pas systématiquement la remplacer.
Parfois un cas de conscience se profile quand un médecin prescrit explicitement du «clapping ». Il y tient. Ca arrive encore. Ces tapes inamicales portées contre un pauvre thorax qui ne vous a rien fait de mal, ne sont plus d’actualités. Elles se sont révélées peu efficaces. Leur seul avantage est de stimuler un sujet un peu récalcitrant. Obéir à la prescription médicale ou non ? That is the question !
La rééducation vise essentiellement les coronariens non opérés ou opérés, les convalescents après chirurgie cardiaque, les artériopathies des membres inférieurs.
Dans le traitement de l’infarctus, la réadaptation cardio-vasculaire a radicalement changé son fusil d’épaule. Fini le repos strict au lit, la réadaptation à l’effort est précoce, et progressive. Elle a pour principe un retour accéléré à une vie sociale et professionnelle normales. Exercices respiratoires, augmentation progressive du périmètre de marche, escaliers, séances de gymnastique en groupe, renforcement musculaire, travail sur bicyclette ergométrique et tapis roulant, sont préconisés.
La rééducation respiratoire après chirurgie cardiaque tient une place prépondérante. Ensuite la correction de la cardiopathie en elle-même autorise une vie normale, ainsi que bon nombre d’activités sportives telles que : marche rapide, aquagym, gymnastique (cyclorameur, step, tapis roulant, élastogym) ski nordique, tennis de table, équitation (pas de parcours d’obstacles), tir à l’arc, gymnastique.
es méthodes de relaxation (sophrologie, yoga, zen shiatsu), sont très utiles pour la gestion du stress.
La rééducation influence grandement le pronostic de la maladie coronarienne avec diminution notable de la mortalité à long terme, ce qui implique qu’un MK qui ne fait pas son boulot condamne son patient à une mort prématurée !
Bronchiolite :
Chaque année, en France, de 500000 à 700000 bambins en souffrent. Pour autant doit-on parler d’épidémie, alors que dans les autres pays ce n’est pas le cas ? Le battage médiatique ne crée t-il pas un mouvement de panique générale qui engorge à l’excès les services pédiatriques ? Il y a pourtant en Angleterre et en Allemagne les mêmes nez qui coulent, les mêmes sibilants et râles bronchitiques, mais les parents sont sans doute mieux éduqués. Ils savent mieux moucher leurs mouflets, et ne font pas systématiquement le siège des services d’Urgences des Hôpitaux, à la moindre croûte qui colle aux narines.
La fièvre est une défense naturelle du corps à laquelle bébé doit s’habituer, la morve aussi, de même doit-il également apprendre à se combattre les virus. Le mouche-bébé est un outil précieux propre à déboucher bien des tuyauteries naturelles, sans qu’il soit besoin d’avoir systématiquement recours à une agressive broncho-aspiration. Les parents français doivent être mieux éduqués, et de manière systématique, à la prise en charge de leur bambin. D’autant que la kinésithérapie n’a pas prouvé son réel intérêt dans le cas de la bronchiolite du nouveau-né (j’ai écrit un billet argumenté sur le sujet).
Prochain billet : rééducation à visée esthétique